Encore quelques conseils de rentrée glanés par notre petite équipe de lecteurs avertis
(les deux premiers volets sont là et ici) :
Florence vous conseille Tigre, tigre de Margaux Fregoso (Flammarion) traduit par Marie Darieussecq, ce qui n'est pas négligeable : "Peter est amoureux de Margaux, il est fou de désir pour elle, et celle-ci va se plier à toutes ses attentes et demandes afin de lui faire plaisir. Le hic c'est que Peter a cinquante ans et Margaux huit... L'auteur restitue avec justesse le point de vue de l'enfant qu'elle était en y mêlant le recul et la lucidité de l'adulte, elle décrit minutieusement ce lien hors norme, cet amour oserais-je dire, qui a perduré pendant près de 20 ans, et ceci sans rien nous épargner. Elle montre comment Peter arrive à ses fins en soumettant patiemment l'enfant à toutes ses envies, en la persuadant avec douceur, persuadé aussi lui même sans doute que leur relation est naturelle, sincère, simple et que la sexualité n'est pas un problème entre eux. Une coercition douce, perverse, basée sur un déni total de ce qui dérange s'installe ainsi de la part de l'adulte sur l'enfant. Un livre qui m'a bousculée et touchée tout à la fois par son ton totalement original."
Laure-Hélène vous conseille Pablo volume 2 : Apollinaire, de Julie Birmant & Clément Oubrerie (Dargaud) : "Après le tome 1, Max Jacob, une plongée dans cette période artistique, avec une atmosphère dans le dessin, et dans les textes. Il y a un plaisir à voir ces noms connus et la rencontre de ces artistes qui sont aujourd'hui devenus des monstres sacrés à leur début. Une belle reconstitution également des batailles esthétiques qu'on voit aujourd'hui avec un peu plus de recul."
Laure-Hélène surenchérit et vous conseille La Traversée du Louvre de David Prudhomme (Futuropolis) : "Dans le genre BD sur la peinture, un point de vue original sur ce grand musée. On retrouve ce qu'on connaît et on s'y perd comme au Louvre ! Un très bon moment."
Fabrice vous conseille Du Hérisson d'Eric Chevillard (Minuit) : "Coup de coeur ! Téméraires lecteurs qui aimez la culbute littéraire, l'exercice de style et le funambulisme, ce livre est pour vous : un incroyable moment d'écriture, drôlissime, extraordinairement virtuose, absolument inclassable, qui traite d'un hérisson (naïf et globuleux, c'est important) empêchant un homme d'écrire... et qui en profite pour parler de choses profondes, comme l'angoisse de la page blanche ou l'incapacité à jouer le jeu social. Vraiment, croyez-moi : un pur chef-d'oeuvre."
Et puis Fabrice vous conseille dans un même élan Jayne Mansfield 1967 de Simon Liberati (J'ai lu) : "La fin de l'âge d'or d'Hollywood, la déchéance physique et morale d'une actrice pourtant intelligente, les excès du petit monde des icônes, la naissance du paparazzisme... Il y a tout ça dans ce "roman-reportage" éprouvant qui retrace la carrière en dents de scie et la mort de la star Jayne Mansfield, pin-up fantasmatique un peu tordue, un peu minable, un peu pathétique. Une enquête glaçante, proche du Truman Capote de De Sang-Froid, pas moins. Un coup de poing."